LE BAISER DE FEU
Comme il était encore loin,
son père le vit et fut touché de compassion.
Il courut se jeter à son cou et l'embrassa
(Luc 15.20)
Lecture proposée :
(Matthieu 21.33-41)
33 »Ecoutez une autre parabole. Il y avait un propriétaire, qui planta une vigne. Il l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir et construisit une tour; puis il la loua à des vignerons et partit en voyage. 34 Lorsque le temps de la récolte fut arrivé, il envoya ses serviteurs vers les vignerons pour recevoir sa part de récolte. 35 Mais les vignerons s'emparèrent de ses serviteurs; ils battirent l'un, tuèrent l'autre et lapidèrent le troisième. 36 Il envoya encore d'autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers, et les vignerons les traitèrent de la même manière. 37 Enfin, il envoya vers eux son fils en se disant: ‘Ils auront du respect pour mon fils.' 38 Mais, quand les vignerons virent le fils, ils se dirent entre eux: ‘Voilà l'héritier. Venez, tuons-le et emparons-nous de son héritage!' 39 Et ils s'emparèrent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. 40 Maintenant, lorsque le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons?»
41 Ils lui répondirent: «Il fera mourir misérablement ces misérables et il louera la vigne à d'autres vignerons qui lui donneront sa part de récolte au moment voulu.»
LE BAISER DE FEU
A force d'avoir vu les Christs sculptés aux tympans des cathédrales, nous imaginons Dieu le Père figé et plutôt vieillissant, assis sur son trône ou bien debout pour diriger le jugement dernier. Mais, dans la parabole dite du fils prodigue rapportée par Luc, le père n'a aucune de ces attitudes, n'a aucune de ces positions. Bien au contraire, il court ! Pourtant, pour un homme âgé, se mettre à courir n'est pas sans risque ! Sauf lorsque c'est l'élan du cœur. Sauf s'il a patienté dans une longue attente.
De toute manière, quand l'amour propulse, on ne trébuche pas.
Il a couru longtemps, notre Père ! Pendant des siècles, il nous a couru après, nous qui étions si loin de lui ; puis, indigné, humilié par nos dérobades, nos faux-fuyants, il s'est arrêté, mais nous a envoyé son propre Fils.
Jésus, le fils par excellence envoyé vers tous les fils repentants. La parabole le précise : le père (fictif et symbolique), image du Créateur, s'est jeté au cou de son fils pour l'émouvante embrassade. Le cou, la nuque, souvent l'image d'une inflexible dureté. Mais comment la garder raide plus longtemps devant un si grand amour ?
Extrait des « Méditations Quotidiennes – Ivan Doulière)