J’AURAIS PU L’AIMER [M]

J’AURAIS PU L’AIMER

Elle était là, presqu’en face, dans ce compartiment de banlieue. De grands yeux foncés, un visage sans fard ni maquillage ; un nez droit, une bouche ni mince ni pulpeuse avec ce petit retrait apparenté à la fossette. Elle fermait les yeux. Aussi avais-je tout loisir de la regarder à la dérobée. Je me disais : peut être aurais-je pu l’aimer… Mais pourquoi le conditionnel ? Je l’aimais… de cet élan naturel et pur qui vous fait regarder les autres comme autant de créatures d’un même Dieu.

De l’autre côté, c’était un homme jeune encore, en train de lire son journal comme il le faisait probablement chaque matin en se rendant à son travail. Il avait au front quelques rides passagères qui disaient quelque préoccupation, quelque souci ou quelque crainte. Je l’aurais voulu proche. J’aurais aimé écouter ce qui le tracassait bien au-delà des faits divers sur lesquels son regard avait peine à se fixer. Et je compris que je l’aimais…

Mon regard ayant fait le tour du compartiment, je fermai les yeux à mon tour et je me mis à prier intérieurement. Une certitude venait de m’envahir : Si moi, si fragile et si limité, je puis aimer simplement ces inconnus, le Créateur, leur Père, pourrait-il les aimer moins ? Celui dont l’Evangéliste Saint Jean disait qu’ « Il est amour »., l’Amour même, Celui de qui nous recevons la capacité d’aimer, Celui-là pourrait-il ne pas aimer, ne pas les aimer ? Et Jean, toujours lui, rappelant probablement les paroles même de Jésus, nous dit le comment de cet amour : « Dieu a ainsi aimé le monde… » pas l’un ou l’autre, notez bien, mais les uns et les autres. Il les a ainsi tous aimés : « Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ».

« Donner son Fils » ? Comment cela ? Les Evangiles le racontent et l’apôtre Paul l’exprime en ces mots : « Il nous a aimés et l’a démontré en ceci : alors que nous étions des pécheurs, le Christ est mort pour nous ».

Tout le mystère de l’amour est dans une mort, une mort volontaire, celle de Celui qui disait de lui-même : « le Bon Berger donne sa vie pour ses brebis… Je donne ma vie. Personne ne me l’ôte. Je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et de la reprendre ».

Et ne nous y méprenons pas. Ce n’était pas Dieu sacrifiant quelqu’un d’autre pour apaiser sa colère ou satisfaire sa justice… C’était lui-même se donnant «Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même »

Etre aimé… c’est extraordinaire ! C’est ce qui donne un sens à la vie. Etre aimé de Dieu, serait-ce moins formidable ? Et c’est la vérité la plus certaine, rien de moins !

R.F Doulière

Vous trouverez les textes cités entre guillemet dans les passages suivants de la Bible :

1 Jean 4.8 ;

8 Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour. 9 Voici comment l'amour de Dieu s'est manifesté envers nous: Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que par lui nous ayons la vie. 10 Et cet amour consiste non pas dans le fait que nous, nous avons aimé Dieu, mais dans le fait que lui nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. 11 Bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres.
12 Personne n'a jamais vu Dieu. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour est parfait en nous.

Jean 3.16 ;

En effet, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.

Romains 5.8 ;

Mais voici comment Dieu prouve son amour envers nous: alors que nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.

Jean 10.11,
11 »Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis.

Jean 10 :17, 18

17 Le Père m'aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. 18 Personne ne me l'enlève, mais je la donne de moi-même. J'ai le pouvoir de la donner et j'ai le pouvoir de la reprendre. Tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père.»

et

2 Corinthiens 5.19

En effet, Dieu était en Christ: il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes de leurs fautes, et il a mis en nous la parole de la réconciliation.

(Flyer de « Mission des traités de Dijon »)