Le Silence -2- (2/5) (Poésie d'avant, Yann) [Photopoème]
Le silence
-2-
Silence…
Immensité pure d’un matin calme,
Du vol gracieux du papillon subtil,
De la fleur de sel qui tend son calice aux rayons du soleil.
Silence…
Abandon lascif des temps conjugués,
Caresse de la peau tremblante sur la terre en rosée,
Force immobile et tranquille dont les bras s’ouvrent sur l’infini de l’Être.
Silence…
Quiétude douillette de l’enfant qui dort,
Mouvement tendre du regard qui se pose,
Élan amoureux des bouches qui s’unissent en un baiser d’adieu,
Sur la pulpe d’un fruit, sur la mousse argentée d’un ruisseau de chagrin.
Silence…
Quelques larmes roulant à l’émotion qui naît,
Presque gouttes de pluie retenant leurs sanglots,
Étouffées, étouffées, si tues, que le cœur se serre en points de suspension.
Silence…
Plage de silence pour une mer de bruits roulant ses galets qui choquent,
Découverte des sons que l’on n’entendait plus,
Qui se taisaient au mieux, qui devenaient mutisme et qui mouraient de honte,
Retrouvaille des mots qui se bousculent enfin sur page de silence accompli.
Silence…
Étreinte de la nuit qui fait taire le jour,
S’élever la lune et bailler les nuages,
Coucher des heures noires prêtes à l’abandon d’un champ de bataille.
Silence…
Silence…
Silence…
Le silence coule en rivière et ses flocons
Se portent en bandoulière de vie
Au cou des coups du sort,
En rouge à lèvres appliqué pour faire taire l’insulte.
Le silence nourrit l’insatiable repu,
Il gère la parole entre chaque mot émis
Pour éviter la logorrhée du verbe.
Le silence se boit en écoutant le piano qui se joue si bien de lui.
Le silence est mélodie des sens
C’est lui qui gère l’espace et le temps.
Il ne faut pas le taire, ni le tuer,
Il faut juste essayer de l’apprivoiser,
Lui ressembler un peu… un peu… un peu…
Mille grâce à toi cher Silence !
Rends-toi, ô Bruit, pâle brouillon de silence !
Mets-toi au propre de l’Univers :
Le silence est parole consciente, lente, détachée,
De tout ce qu'on a tu.
yann